Chapitre :: Connaissance et Création

  • L'<<homme normal>> est le but idéal des infructueux, de tous ceux qui sont demeurés au dessous du niveau général d'adaptation. Mais pour ceux dont les possibilités vont bien au-delà de celles de l'être moyen, pour ceux qui, en se riant, décrochèrent toujours des succès et dont les résultats furent toujours plus qu'honorables, l'idée ou la contrainte morale de ne devoir être rien que de normal représente l'image même d'un lit de Procuste, d'un ennui insupportable et mortel, d'un enfer stérile et sans espoir. [...] L'enfant doué fera donc bien de se familiariser assez tôt avec l'idée qu'une capacité supérieure entraine après elle une situation d'exception, avec tous les risques que celle-ci comporte, notamment une CONSCIENCE ACCRUE DE SOI. Seules humilité et obéissance peuvent en protéger et encore, pas toujours.
  • Le génie s'imposera envers et contre tous, parce que sa nature comporte de l'indomptable et de l'absolu.
  • Tant que nous sommes saisis par la force créatrice, nous ne voyons et ne connaissons point; il ne faut même pas que nous connaissions, car rien n'est plus pernicieux ni plus dangereux, pour ce que nous vivons immédiatement, que la connaissance.
  • Le dogme ''les maladies mentales sont des maladies du cerveau'' est une survivance du matérialisme qui fleurissait vrs 1870. Il s'est transformé en un préjugé injustifiable qui enraye tout progrès.
  • Autant l'on s'emporte contre les ',fantômes métaphysiques' dès que quelqu'un s'avise d'expliquer les processus cellulaires de façon vitaliste, autant l'hypothèse physique est accréditée comme scientifique, quoiqu'elle ne soit en rien moins fantastique que la première. Mais elle a l'avantage de cadrer avec le préjugé matérialiste et c'est pourquoi n'importe quelle absurdité est sacrée scientifique, dès qu'elle permet de muter un psychique en physique. Espérons que les temps ne sont plus éloignés ou nos hommes de science se débarasseront de ce restant de matérialisme creux et suranné.
  • Ce ne sont pas les audaces de ce genre qui entravent les progrès de la science, mais l'entêtment conservateur à s'en tenir à des vues d'autrefois, le conservatisme typiquede l'autorité, la vanité infantile du savant qui veut avoir raison et sa peur de se tromper. Ce manque de courage à se sacrifier nuit à la renommée et à la grandeur de la connaissance scientifique bien plus qu'une voie erronée que l'on a honnêtement suivie. Quand prendra fin cette chicane superflue pour ''avoir raison'' % Regardons l'histoire des sciences: combien de chercheurs ont eu raison et combien ont conservé cette raison?
  • Des idées originelles de l'humanité, il est impossible de dégager un système philosophique; par contre, il s'en dégage une foule d'antinomies qui ont constitué, à toutes les époques et dans toutes les civilisations, le fondement inépuisable de toute problématique spirituelle.Aux limites de la logique, certes, la science s'arrête; mais non pas la nature; elle fleurit là ou nulle théorie n'a pénétré. Le venerabilis natura, la nature vénérable, ne fait point halte devant le contraste; elle s'en sert pour provoquer à partir des opposés une nouvelle naissance.
  • En science comme en tout, il ne faut pas sans cesse avoir raison et prononcer des jugements irrévocables, mais se contenter de contribuer comme on peut à la recherche du but suprême: la connaissance.
  • ...c'est qu'il règne entre la philosophie et la psychologie une connexion indissoluble, connexion qui tient à la compénétration de leurs objets: en bref, l'objet de la psychologie, c'est l'âme, celui de la philosophie, c'est le monde.
  • L'inadaptation relative de l'artiste est son véritable avantage; elle lui permet de rester éloigné des grandes voies, de suivre sa propre aspiration et de découvrir ce qui manque aux autres, sans qu'ils le sachent. De même que dans l'individu particulier l'unilatéralité de l'attitude consciente se trouve corrigée par des réactions inconscientes d'autorégulation, de même l'art représente, dans la vie des nations et des époques, un processus d'auto-régulation spirituelle.
  • Les dons supérieurs son les plus beaux, mais aussi les plus dangereux fruits de l'arbre de l'humanité. Ils sont soutenus par de frêles branches faciles à briser.
sep 16 2015 ∞
sep 20 2015 +